jeudi 20 octobre 2011

Vues plurielles sur un Lycée singulier

Trois points de vues et trois éclairages qui se complètent sur le lycée Félix Gaillard de Salles-de-Barbezieux...

A/ Le lycée par les élèves de bac pro SMR [Services en Milieu Rural] :

C'est un lycée avec des caractéristiques différentes des autres lycées : c'est un lycée caché au cœur du bois du Luc (selon certains, lieu de rendez-vous des druides ou site de bacchanales) , délimité… par aucune clôture.
Une architecture qui donne son originalité au lycée entre autres patios et théâtre de verdure !
Deux couleurs dominent sur les façades du lycée : le bleu (comme un ciel de Salles de Barbezieux)  et le orange (comme une tuile charentaise)
Quand on arrive on dirait une résidence, voire une maison de retraite, dans laquelle on ne risquerait  pas de se perdre !
Et quel plaisir de travailler dans des pièces lumineuses !

B/ Le lycée par les élèves de bac pro CGEA [Conduite et Gestion d'une Exploitation Agricole]

Agricole, professionnel, un lieu où l’on essaie d’apprendre son métier, tels sont les premiers mots qui s'expriment parmi nous.
Et puis ensuite, un lieu familial et convivial : on se connait tous, il y a environ 170 élèves et beaucoup trop de profs ! (environ 20).
Félix Gaillard, notre lycée est isolé à la campagne, ce qui a des avantages et des inconvénients...
Là c'est avec enthousiasme que les sentiments jaillissent :
- "l'Air est pur"
- "la tranquillité'
- "Ça sent la vache le matin
- "c'est pas toujours agréable non plus, surtout par vent d'Est !" (s'en suit une discussion pour s'assurer qu'il s'agit de vent d'est et non d'ouest)
- "c'est quand même mieux que le gaz brûlé !" (et l'on interroge l'artiste citadin qui approuve)
- "le matin je peux venir à vélo"
- "c'est calme et agréable"
- "Surtout qu'on a un bel auditorium pour les soirées et peu de voisins pour se plaindre !"
- "Même si ces voisins c'est la chef d'établissement et le CPE, qui vivent dans le fameux Bois du Luc..."

 
C/ Le lycée par les profs d'ESC [Education Socio-Culturelle]

Morgane, professeure d’éducation socioculturelle, arrivée de son Finistère depuis peu, se souvient de ses premières impressions…
D’abord des paysages de vignobles  et une perspective nouvelle, ensuite un petit lycée pro au milieu des vignes avec un mini gang de bretons pour futurs compagnons. Coup de cœur pour le patio et le foyer et leur mobilier design (des photos vont venir !) .

Solange, professeure d’éducation socioculturelle, dans les murs depuis déjà dix ans, se souvient aussi de son arrivée : l’architecture de plain pied et les ilots d’espaces intérieurs lui évoquèrent plus un camp de vacances qu’un lycée pro ! Depuis elle apprécie au quotidien cet agencement, les espaces verts, le bois du luc, les vignes, les vaches…les élèves qui sont source d’inspiration et d’étonnement.

jeudi 13 octobre 2011

Un Jeudi Bleu

Ce jeudi était un jour fort en émotions puisqu'il s'agissait pour moi de la première rencontre avec les élèves du lycée.
On a beau être optimiste, il faut bien avouer qu'il y a toujours quelque chose d'inquiétant à aller exposer un projet dans lequel on embarque tout un équipage qui ne l'a pas forcément choisi.

Comment vont-ils réagir?

"Ils" c'étaient tout d'abord les deux classes de terminale, SMR & CGEA, des sigles qui au cours des semaines à venir vont pour moi s'animer, dépasser une appellation technique et abstraite, prendre visage(s) et me faire découvrir plein de chose que je ne connais pas, ou pire encore, que je connais mal. Finalement, on dit que l'art est aujourd'hui quelque chose d'abstrait - et c'est vrai que mes phrases sont longues - mais je trouve que notre vie quotidienne est pleine d'abstractions et de choses complexes ou compliquées.
Pourtant dans ces choses, derrière ces choses, il y a peut-être bien de la beauté qui nous attend.
Est-ce cela que j'ai expliqué ce matin dans l'auditorium du lycée ?
Si je vois la vidéo qui a été tournée, ou si je recueille les avis de mes auditeurs, je verrais que j'ai sûrement tourné mes propos très différemment, mais peut-être que le ton de ma voix, ma coiffure d'ermite et ma barbe hirsute ont complété mes mots.

Qu'est-ce que les gens entendent quand on parle ?


L'après midi

Autre expérience de parole et de présentation, cette fois-ci dans l'espace convivial du foyer des élèves, sorte de forum où internes et externes viennent se détendre dans une ambiance qui n'a rien de monastique.
Les tables et les chaises sont prises dans une danse, tournant autour du snooker selon une chorégraphie rythmée par les sonneries et les rires.
Nous nous sommes donc installés à l'une de ces tables, et là, sans pouvoir m'appuyer sur un diaporama ou le cadre d'un cours, j'ai entrepris ma présentation devant une quinzaine d'élèves et leur ai proposé que nous construisions et menions ensemble un projet durant le temps de ma résidence.
Pour ce projet, mené sur la base du volontariat, il me semblait important que cela reste très ouvert, moins préétabli que pour la partie menée en cours. (Je me souviens qu'au lycée il y avait beaucoup de consignes à suivre et que je n'avais pas beaucoup le loisir d'écrire mes propres consignes.)
Nous avons donc parlé de photographie, des outils que nous utilisons pour cela et des usages que nous en faisons, les photos que l'on partage avec ses amis par internet ou "clé USB", la méthode pour immortaliser les trophées de pêche, les portraits d'enfants et le désirs de leur offrir une image aussi joyeuse qu'étonnante d'eux-mêmes.
Peut-être aussi une image de nous-mêmes tel que l'on espère apparaître au monde.

J'espère donc retrouver bon nombre de ces jeunes ainsi que ceux qui n'avaient pas pu venir, pris dans une autre valse, celle des emplois du temps, lorsque je reviendrai début novembre.
J'espère qu'après la phase d'approche d'aujourd'hui, celle où l'on dompte petit à petit l'étrangeté que l'on a pour les autres, on se lancera dans des projets audacieux ou minimalistes.
De la photo, de la sérigraphie, des portraits ou des photos de gâteaux que l'on pourrait ensuite manger !

lundi 10 octobre 2011

Porte-Bonheur ?

Je me pose cet après midi une question sur ce qu'est un porte-bonheur...

S'agit t'il de porter du bonheur sur soi ?
S'agit-il d'une porte qui mène vers le bonheur ?
Ou bien de quelque chose qui nous apporte le bonheur ?

Il semble bien que le sens originel du mot aille vers cette troisième définition, et que, plus encore que "bonheur", le sens exacte soit chance ou "bonne fortune".
En même temps, rien ne nous empêche de considérer les autres possibilités, surtout qu'elle sont loin d'être opposées. Ainsi le porte-bonheur est peut-être bien un sorte de clé qui sert à enclencher une série heureuse d'évènements, série heureuse qui peut-être nous ouvrira le bonheur.
Avoir avec soi une telle clé ne peut que nous donner confiance, la promesse du bonheur c'est déjà un peu de bonheur. Et essayer d'ouvrir les portes, que ce soit à l'aide d'une clé, ou en essayant de crocheter la serrure avec notre porte-bonheur, c'est se mettre en action, et favoriser le déclenchement d'une suite d'évènements heureux...
Oui, ce qu'il me faudrait aujourd'hui, c'est trouver un porte-bonheur !

[YC]

jeudi 6 octobre 2011

partenariat

Lorsque je parlais hier de la rentrée des classes, j'avais bien raison.
D'abord parce que je suis allé en classe, que je suis passé au Lycée puis au centre Rurart pour suivre une réunion des professeurs d'Éducation Socioculturelle de la région (voir les Protagonistes), ensuite car j'ai reçu une bonne nouvelle de la part d'une marque qui pour moi reste associée à des souvenirs de rentrée des classes.
En effet, j'avais contacté Clairefontaine, le célèbre papetier, afin de leur proposer de soutenir notre projet. Ce contact, suivi d'un fructueux échange, a abouti sur un don de papier... ce qui nous facilitera la tâche en nous évitant d'avoir à le fabriquer !

Et la magie des coïncidences nous permet de ré évoquer aujourd'hui encore Colette qui elle aussi, à propos de la rentrée des classes et de ses années d'apprentissages se souvient de «...[ses] cahiers d'école, leurs feuillets vergés, rayés de gris à barre marginale rouge, leur dos de toile noire, leur couverture à médaillon et titre orné "Le Calligraphe" »... "Le Calligraphe" marque appartenant à Clairefontaine-Rhodia... comme quoi on retombe toujours sur ses pattes !


[Yves Coqueugniot]

mardi 4 octobre 2011

Bricolage



Nous voici déjà en octobre, cela fait désormais longtemps que le chemin des classes a repris la dimension "d'habitude".
Évidemment, pour moi il n'a pas s'agit de "rentrée"  car la rythmicité de mon travail est un peu différente... Et pourtant, c'est un peu la même chose, j'ai passé mon mois de septembre derrière un écran d'ordinateur à réaliser l'archivage de photographies archéologiques. Numériser, étiqueter, nommer, pérenniser les images d'un village enfoui sous la terre depuis 13 000 ans, telle était ma rentrée, mon quotidien scolaire.
Et à ce projet - encore loin d'être fini - va bientôt s'en ajouter un nouveau, qui promet d'être tout autant passionnant mais aussi bien plus animé.
J'ai donc un peu quitté mon bureau, mes classeurs de diapositives et mes logiciels de retouche d'images pour me préparer un peu à la rencontre avec les élèves du Lycée Félix Gaillard dans à peine plus d'une semaine.

Il y a encore bien sûr beaucoup à faire - et heureusement ! - mais on peut bien dire que le projet a démarré.
D'abord avec de la menue menuiserie puisque je me suis lancé dans la fabrication de cadres pour la sérigraphie.
Il s'agit pour moi d'une approche expérimentale puisque je n'ai jamais fait ça et que j'ai profité d'un lot de chutes de bois divers qui dormait dans un coin de mon atelier (ou plutôt pour dire vrai dans un coin du garage de mes parents...).
D'ailleurs ce passage de l'ordinateur à la scie sauteuse est bien à proprement parler du bricolage, c'est-à-dire un zigzag entre les techniques et les activités.
"Bricolage" qui, comme nous l'apprend le dictionnaire, vient de l'italien "bricola" qui signifie catapulte et certainement plus anciennement du lombard "brikkil", "celui qui brise", ce que nous nous efforçons en bricolant de ne pas faire mais qui parfois nous arrive !
Et en continuant on tombe sur cette citation de la romancière Colette :
"il paraît que la bricole était une machine de guerre, avant que nous ne nommions ainsi une activité qui s'emploie à palier à l'infortune de la paix, à faire de presque rien quelque chose."
(Colette, De ma fenêtre, 19 décembre 1940)

Faire de presque rien quelque chose, c'est bien là ce que nous aimerions faire, mais quel vaste programme !
C'est d'ailleurs selon le prix Nobel de médecine François Jacob le programme même de la nature et de l'évolution des espèces qu'il décrit comme "un bricoleur qui ne sait pas encore ce qu'il va produire, mais récupère tout ce qui lui tombe sous la main, les objets les plus hétéroclites, bout de ficelle, morceaux de bois, vieux cartons pouvant éventuellement lui fournir des matériaux ; bref un bricoleur qui profite de ce qu'il trouve autour de lui pour en tirer quelque objet utilisable."
(François Jacob, Le jeux des possibles, ed. Fayard, 1981)

Nous pourrons donc très vite considérer ces objets utilisables, et peut-être même, les utiliser.

[Yves Coqueugniot]