mardi 4 octobre 2011

Bricolage



Nous voici déjà en octobre, cela fait désormais longtemps que le chemin des classes a repris la dimension "d'habitude".
Évidemment, pour moi il n'a pas s'agit de "rentrée"  car la rythmicité de mon travail est un peu différente... Et pourtant, c'est un peu la même chose, j'ai passé mon mois de septembre derrière un écran d'ordinateur à réaliser l'archivage de photographies archéologiques. Numériser, étiqueter, nommer, pérenniser les images d'un village enfoui sous la terre depuis 13 000 ans, telle était ma rentrée, mon quotidien scolaire.
Et à ce projet - encore loin d'être fini - va bientôt s'en ajouter un nouveau, qui promet d'être tout autant passionnant mais aussi bien plus animé.
J'ai donc un peu quitté mon bureau, mes classeurs de diapositives et mes logiciels de retouche d'images pour me préparer un peu à la rencontre avec les élèves du Lycée Félix Gaillard dans à peine plus d'une semaine.

Il y a encore bien sûr beaucoup à faire - et heureusement ! - mais on peut bien dire que le projet a démarré.
D'abord avec de la menue menuiserie puisque je me suis lancé dans la fabrication de cadres pour la sérigraphie.
Il s'agit pour moi d'une approche expérimentale puisque je n'ai jamais fait ça et que j'ai profité d'un lot de chutes de bois divers qui dormait dans un coin de mon atelier (ou plutôt pour dire vrai dans un coin du garage de mes parents...).
D'ailleurs ce passage de l'ordinateur à la scie sauteuse est bien à proprement parler du bricolage, c'est-à-dire un zigzag entre les techniques et les activités.
"Bricolage" qui, comme nous l'apprend le dictionnaire, vient de l'italien "bricola" qui signifie catapulte et certainement plus anciennement du lombard "brikkil", "celui qui brise", ce que nous nous efforçons en bricolant de ne pas faire mais qui parfois nous arrive !
Et en continuant on tombe sur cette citation de la romancière Colette :
"il paraît que la bricole était une machine de guerre, avant que nous ne nommions ainsi une activité qui s'emploie à palier à l'infortune de la paix, à faire de presque rien quelque chose."
(Colette, De ma fenêtre, 19 décembre 1940)

Faire de presque rien quelque chose, c'est bien là ce que nous aimerions faire, mais quel vaste programme !
C'est d'ailleurs selon le prix Nobel de médecine François Jacob le programme même de la nature et de l'évolution des espèces qu'il décrit comme "un bricoleur qui ne sait pas encore ce qu'il va produire, mais récupère tout ce qui lui tombe sous la main, les objets les plus hétéroclites, bout de ficelle, morceaux de bois, vieux cartons pouvant éventuellement lui fournir des matériaux ; bref un bricoleur qui profite de ce qu'il trouve autour de lui pour en tirer quelque objet utilisable."
(François Jacob, Le jeux des possibles, ed. Fayard, 1981)

Nous pourrons donc très vite considérer ces objets utilisables, et peut-être même, les utiliser.

[Yves Coqueugniot]

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